ados et chevaux en chemin

Spectacle crée pour et avec la Compagnie Les Chevaux Céleste, Céleste Solsona et ses équipières, à la suite d’une longue randonnée de trois semaines en montagne avec deux chevaux et une mule. Cette rando, qui a vu 3 adolescentes, enfants placés en foyers ou familles d’accueil, et 4 femmes adultes parcourir un long chemin de crête intérieur et montagneux.
Le spectacle retrace ce parcours, transmet les liens d’attachement créés durant ce séjour, les blessures de l’enfance, les déchirures du placement.
Mise en scène et écriture par Valérie Gaudissart. Composition par Sidonie Dubosc.

texte d'introduction au spectacle :

« Bienvenue à toi chère spectatrice, cher spectateur, toi qui es assis au bord de notre pré.
Ce spectacle est notre journal de bord, notre journal de bord de route, de chemins escarpés et de lignes de crêtes. Notre journal avance au pas de nos chevaux et de notre mule, et au pas de nous-mêmes, humaines, 4 femmes et 3 filles.
Imagine nous sur des sentiers de montagne, imagine nous dormant à la belle étoile, imagine nous préparant le bivouac, imagine nous fatiguées par l’ascension, imagine nous nageant dans les rivières glacées, imagine nous partageant nos secrets, nos blessures et nos histoires.
Tu découvriras les paysages que nous avons traversés, les paysages des sommets des Écrins mais aussi les paysages que nous avons au fond de nous-mêmes, nos paysages avec leurs vallons calmes, leurs sommets orageux, leurs ravins, leurs glaciers éternels, leurs précipices à contourner.
Écrin est dont le nom du massif qui a accueilli notre aventure mais c’est aussi celui où l’on cache nos bijoux les plus précieux. Et sache, spectatrice, spectateur, que ce nous avons vécu, sera gardé longtemps, et peut-être pendant toute notre vie dans cette boite à souvenirs les plus précieux  »

Quelques photos et quelques extraits de cette formidable création et rencontres entre humaines et chevaux, adultes et ados, public et histoires d’enfance ballotée, souvenirs de voyages et poèmes à garder, moments uniques dans la vie de chacune d’entre nous.

Journal de rando, jour 2

Réveil 7h30
On charge les chevaux, sacoches, équilibrage du poids, et nous partons. Les chevaux marchent d’un pas décidé, ils nous traineraient presque. Ils ont du mal à contenir leur excitation.

Après deux heures de marche, nous arrivons sur un plateau d’immenses prairies verdoyantes. Nous marchons sur des parterres de fleurs sauvages et multicolores, le soleil nous brûlerait presque la peau. Nos réserves d’eau doivent être rechargées. Ouf, il y a une rivière, les chevaux vont pouvoir boire et nous aussi.

Nous reprenons la marche après cette pause, la cadence diminue, les filles semblent en difficultés, de nombreux arrêts sont nécessaires, elles ont du mal à marcher à coté de leurs chevaux. Mais elles ne lâchent rien, n’abandonnent pas et continuent de grimper.
Nous arrivons au sommet, 2400 mètres d’altitude, la vue du glacier nous coupe le souffle. Nous nous mettons à chanter et nous nous préparons sur notre réchaud un plat de pâtes aux courgettes.

Portrait de Kelly

Tu t’appelles Kelly Tu es à l’âge où tu te poses plein de questions et où tu en poses aussi aux autres Ton prénom résonne comme un point d’interrogation et se décline en une multitude de questions qui se croisent, se bousculent, et s’entrechoquent. Tu poses donc question, tu questionnes, tu interroges, et on ne sait parfois quelles réponses te donner.
En tout cas, ce que tu sens, et c’est que les questions sont bien plus importantes que les réponses. Les réponses peuvent parfois nous tromper, mais les questions, jamais. Et les questions nous font avancer alors que parfois les réponses nous arrêtent.
Alors, Kelly , dont le prénom est une invitation à poser des questions, je te demande Kelly,
De quel idéal rêves-tu ?
Quel imaginaire caches-tu ?
quelle idée mijotes-tu ?
Quel inattendu proposes-tu ?
Quel inébranlable vas-tu trouver en toi ?
Quel inexprimable ?
Quelle identité ?
Quel illisible ?
Et quelle issue ?
Toutes ces questions, garde-les, partage-les, prends en soin, fais les tiennes, et porte-les, comme tu portes, gravé en toi, comme un cœur sur l’écorce d’un arbre, ton prénom.

L’eau et le souvenir de la mère

L’eau pour moi, ça représente ma mère, parce que voilà… j’ai jamais connu mes vrais parents, et un jour comme ça, j’ai dit que l’eau, c’était ma maman, et puis le vent, c’était mon papa. Et à chaque fois que je vais pas bien, ils m’aident tout le temps en me poussant ou en m’imposant avec de la force et du courage. Ça me fait du bien. Donc pour moi, ce sont mes parents. Et à chaque fois que je vais dans l’eau, j’ai l’impression que ma mère, elle m’entend arriver et donc à chaque fois, elle est douce, elle calme et grâce à elle, j’ai le courage le lendemain, de continuer.

Le lien avec les chevaux

Ça m’a beaucoup fait changer, les chevaux. D’être avec les chevaux pendant tout ce séjour. Ça m’a fait beaucoup de plaisir, ça m’a rendu heureuse, ça m’a apporté du bonheur. A chaque fois que je suis triste, je vais le voir et quand je reviens, j’ai toujours le sourire grâce çà lui. Il m’aide tout le temps, quand je me sens pas bien ou quand je me sens bien, il est toujours là pour moi comme moi je serai toujours là pour lui. C’est l’amour entre mon cheval et moi.

Le loup blanc et le loup noir

Une légende raconte que deux loups vivent en chacune de nous. Un loup noir qui représente notre part de colère, de rage, d’angoisse, de peurs, et un loup blanc qui incarne l’amour, la joie, l’empathie, la confiance…
S’ouvrir à la montagne, faire alliance avec elle, cela pourrait-il nourrir notre loup blanc ? Nous n’en savions rien, mais nous avions l’envie d’en faire l’expérience aux côtés de nos chevaux.
Nos petits chevaux de vent, nos chevaux passeur, si proches de nous qu’on croirait qu’ils sont à moitié humains. Autour du feu, le long des cimes, sur les interminables pistes, ils nous ont portées, non pas sur leur dos, mais sur leur courage, tête posée sur nos épaules et souffle chaud dans nos cheveux.
Peu à peu, pas à pas, nos cœurs se sont entrouverts, nos poings se sont desserrés.
Le soir, au cœur de notre tipi-maison, serrés être contre être, nous avons mêlé nos rêves. La nuit, les étoiles sont devenues notre couverture, la terre, notre lit.
Chacune notre tour, nous avons été traversées par nos propres tempêtes, nous les avons laissés nous secouer, nous terrasser,
Une à une, nous nous sommes redressées, portées par le groupe ; terreau, ciment, solide... À croire que lorsque les fragilités s’allient, elles deviennent force.
Nous sommes parties orphelines. Nous sommes rentrées filles du vent, chacune, bien accrochées à la fourrure de notre loup blanc…

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