D’avril à juin 2024, Sidonie Dubosc et Valérie Gaudissart sont allées animer des ateliers de composition de chansons au sein de la Résidence le Clos Lamartine à Cluny, dans le but de créer une dynamique créative entre les habitants. L’objectif était de pouvoir, par le jeu des mots et des rimes, et par des échanges et des conversations, écrire des chansons qui parleraient du sentiment de se sentir chez soi ou pas, et de partager, mettre des mots et des mélodies sur ce que cela fait vivre de s’installer dans un nouveau lieu, une nouvelle ville, avec de nouveaux voisins et de nouvelles habitudes de vie lorsque l’on décide de quitter sa maison et de venir vivre en résidence.
Le projet a reçu le soutien du Conseil Départemental de Saône et Loire.
Les ateliers aboutiront à une représentation ouverte à tout public le 28 juin 2024, à 17h, 5 rue Salvador Allende à Cluny.
Quelques uns des textes:
Je garde toujours sur moi
sur un bout de papier
la liste des choses à ne jamais oublier
le soleil couchant sur la butte de Suin
mes pieds nus
et les jeux de mon petit chien
l’odeur du foin coupé
le chemin
autour des cartes à jouer, les voisins
Je garde toujours sur moi
sur un bout de papier
la liste des choses à ne jamais oublier
Cortambert
ma maison, ses volets ouverts
le lilas rosé
les collines de Buffières
le cimetière du village
les fleurs à arroser
et mes êtres aimés
bordés par les nuages
Je garde toujours sur moi
sur un bout de papier
la liste des choses à ne jamais oublier
les rues de Paris
et la Place d’Italie
La Baule, sa lumière
son vent et ses marées
mes souvenirs de voyage
le monde tout entier
mon désir de partage
et de nuits étoilées
Je garde toujours sur moi
sur un bout de papier
la liste des choses à ne jamais oublier
les choses les plus précieuses sont celles qu’on ne peut déménager
je n’aime pas les dimanches
ni les vacances d’été
j’n’aime pas les jours fériés
je n’aime pas les jours sans cris d’enfants dans les cours de récré
j’aime les jours de semaine
et les sorties d’école,
et les baisers qui collent
j’aime la cloch’ de récré
et les rires des enfants et leur envie de jouer
je les regarde de loin, et je ris avec eux
alors j’oublie mon âge,
je saute et je cours après l’ballon
et fais partie du jeu
par le pouvoir de mes pensées
je deviens leur amie, leur copine, leur alliée
alors je redeviens l’enfant que j’ai été
les genoux écorchés
j’aime les bonjours d’enfants venant me saluer
j’aime les cris d’enfants
mais je n’aime pas les dimanches
les silences des portails fermés
salut à toi
vieil arbre de ma rue
de mon quartier
de mon avenue
salut à toi
vieil arbre parapluie
de ma forêt
et de ma nuit
vieil arbre à qui je ressemble
ton écorce et les rides de mon visage
tes racines et mon histoire
ton branchage et ma lignée
ta sève et mon sang
tes printemps et mes années
vieil arbre à qui je ressemble,
et dont le temps n’est pas pressé
entre lune et soleil
hiver et été
ombre et lumière
eau et nuage
vieil arbre à qui je ressemble
tes perchoirs à moineaux et le bord de ma fenêtre
tes nids d’écureuils et le lit de ma chambre
tes refuges de coccinelles et mon tiroir à bijoux
tes creux de hiboux et les malles de mon grenier
tes trous de pic verts et mon armoire à vaisselle
vieil arbre à qui je ressemble
et à qui je viens parler
à l’heure de ma promenade
platane, cèdre, sapin,
chêne, hêtre, bouleau
et arbres numérotés de l’allée du Fouettin
vieil arbre qui me regarde passer,
baladant mon petit chien
et qui me glisse dans un souffle de vent
« vieillir, c’est embellir
c’est regarder le détail plutôt que la totalité
c’est sentir chaque jour plus fort en soi la folle envie de vivre »
vieil arbre qui me ressemble
ton feuillage et ma vitalité
ta cime et mon désir de voir loin
tes nervures et le chemin de mes pensées
sur ton écorce chaque matin
je caresse de la main un coeur gravé
