brins d'histoires

C'est dans le grand parc du Foyer d’Accueil Médicalisé Les Azilés à Paray le Monial, qui est une des structures gérées par l’Association des Papillons Blancs Entre Saône et Loire, que nous avons installé notre drôle de chemin et nos brins d’histoires tout emmêlées.

Animés par deux artistes vanniers, Erik Barray =>voir le site d'eric, et Richard Le Guezennec et Valérie Gaudissart, autrice, nos ateliers ont accueillis les résidents, restés au Foyer pendant l’été.

Et c’est avec beaucoup d’amusement et de concentration, que toute cette troupe s’est transformée en bricoleurs jardiniers, jongleurs de couleurs, et fabriqueurs d’objets, d’histoires et de liens.

Durant trois mois, l’été 2025, nous avons donc imaginé, puis créé un espace dans le parc qui soit une invitation à la promenade et à l’imaginaire. Nous avons aussi fabriqué des objets en osier, des attrapes-rêves et des poissons imaginaires.

Le but de ce travail était d’approcher le végétal de manière singulière et poétique. Et aussi, de travailler de manière symbolique l’idée du tuteur.
Ce projet s’est tenu de de juin à septembre 2024 en partenariat avec plusieurs structures des Papillons Blancs de Paray Le Monial et a été soutenu par la DRAC/ARS de Bourgogne Franche-Comté. Voici donc, nos grands bâtons bariolés, chemin balisé, hors des sentiers battus, création personnelle à chacun.e, et voici le texte que nous avons écrit pour le jour de notre vernissage.

chère invitée,
te voici devant notre jeu géant,
notre jeu de bâtons et de branches,
de couleurs et de rubans
notre totem imaginaire
notre monument aux héros des Papillons Blancs
notre mikado où tout le monde est gagnant

notre jeu n’a pas de nom mais en silence, il raconte notre histoire
celle que nous vous racontons avec du bleu, du jaune, du rouge, du vert, du
doré, de l’orangé
avec nos mains attentives agrippant les pinceaux
avec nos doigts tressant des bouts de laine
avec nos yeux choisissant des couleurs
avec nos dos penchés sur les tables
avec nos rires traversant la grande salle
avec nos « bonjours et à la semaine prochaine ! » lancées à la cantonade
avec notre bonne humeur que rien ne vient entacher
car nous sommes sages et savons profiter des bons moments

à toi cher invité d’imaginer ce que raconte notre histoire
car à nous-même elle reste une énigme
et nous préférons les énigmes aux réponses claires et nettes
à toi de découvrir et de comprendre cet enchevêtrement bariolé,
ces liens solides et tressés entre nous
ces tuteurs qui luttent contre le vent et le déséquilibre et qui nous tiennent
debout, ensemble et solides
ces objets inventés que tu ne trouveras pas ailleurs
ce sont nos bâtons pour marcheurs de bottes de 7 lieux,
ce sont nos lances pour combats pacifiques,
ce sont nos cannes à pêches qui ne sortiront aucun poisson de l’eau
ce sont nos harpons à bons souvenirs

Nous ne sommes pas forts avec les mots
car les mots souvent nous décalent des gens
et parfois nous laissent incompris
alors, nous préférons les couleurs, qui elles, ne savent pas trahir
du bleu, c’est du bleu
du rouge, c’est du rouge
du noir, c’est du noir

alors à toi d’écrire notre histoire, et laisse la inachevée, ne lui invente pas de fin,
nous n’aimons pas les aurevoir
notre histoire se raconte au présent
entre arcs en ciel et poissons volants

Cet objet insolite et plein de mystère est celui d’Isabelle et de ses mains joueuses, de Claudette et de sa volonté claire et précise, de Liliane et de ses jeux appris pendant son enfance, de Laure et de ses poétiques poissons apprivoisés, de Christine et son extrême précision et ses souvenirs d’enfance heureux ,de Jean-François et de sa joie de vivre, de Jean-Paul et sa tendresse et de sa petite pêche, d'Annie et sa discrétion pleine de sagesse, d’Elisabeth l’acharnée du travail, de Chantal et de sa grande concentration, et de Caroline et sa clairvoyance

et puis, à côté de cet objet, s’est tressé un poème, un jeu avec les mots, c’est celui de Anne et Michèle, qui sont accrochées aux mots comme les feuilles aux branches, comme la pluie aux nuages, ou qui les regardent voleter et qui les attrapent dans leur filet à idées.

Le voici :

la Terre danse le French Cancan
la nuit dort à poings fermés
les arbres se racontent des histoires le soir
sous le croissant de lune argenté
le jour pointe le bout de son nez
et tout devient jaune à travers ma fenêtre
un oiseau bariolé chante pour moi
la lumière fut et les couleurs se sont mélangées
le ciel est couvert de gouttes de pluie
je n’aime pas le tonnerre qui gronde
et le noir de l’orage
je me souviens de mon enfance
et des bouchées à la reine sauce financière
quand je suis triste, je m’ennuie
et tout est blanc, comme les miroirs
avant de m’endormir, je pense à mon nounours
et aux livres que j’aime inventer
et aux histoires pleines d’arc en ciel
derrière l’horizon, il y a des barbelés
il y a des gens qui ne me comprennent pas
La Terre autour du soleil
la nuit tout le monde dort
dans le ciel, passe une étoile filante
je n’aime pas les cris
la lumière est fluorescente
j’ai des souvenirs de l’école
l’univers est en trois dimensions
j’entends la voix des monstres
les fleurs sont comme des étoiles
le contraire de toujours est jamais
le contraire de la douceur est le danger
le contraire de la terre est de la boue
la Lune est morte
je rêve d’une vie moins compliquée, l’horizon est loin
je ne comprends pas pourquoi les gens se tapent dessus
le vent souffle fort, les nuages sont de la couleur du lait
les enfants jouent, la pluie tombe bruyamment
sur les murs de ma chambre, il y a un canevas de fleurs
depuis ma fenêtre, je vois des gens qui se promènent
les gens qui disent du mal me font du mal
la Terre est ronde
la nuit est sombre
les arbres tombent
j’aime jouer avec les mots
les mélanger pour qu’ils deviennent orangés
mélange de rouge et de jaune
de sang et de soleil
le jour va commencer
le ciel est de toutes les couleurs comme le costume d’un clown
j’aime l’automne quand les feuilles deviennent rouges vif
j’ai eu une enfance perturbée et pleine de nuages gris
j’ai le sentiment de vieillir
mes cheveux deviendront blancs comme le coton
je n’aime pas quand ça brûle
je n’aime pas que les oiseaux meurent
je n’ai pas peur des punitions, ni du rouge de la colère
j’aimerais que les guerres s’arrêtent
et que le jour devienne doré comme le pain
je rêve de revoir mes cousines
le soleil redeviendrait jaune et brillant

plan du site

Rêver tout haut a reçu
pour sa création en 2018
le soutien du
Conseil Départemental
de Saône-et-Loire.